Présenté lors de « CULTURES DU SUD » le 8 avril 2005 – La Coupole – Hyères.
Texte dit par Christine Delaroche

 

DE L’UN A L’AUTRE RIVAGE

A mes sœurs du Sud

Appelons-les Ninon, Flora, Irina, Fatima, Sarah ; silhouettes brunes au teint d’ambre. Elles ont le geste vif, le regard sombre. Derrière elles, Athènes, Rome, Byzance, Alexandrie, Jérusalem. Des siècles de femmes en noir, de rites et de silence.
Le Sud vient de ces ventres. Des chemins caillouteux et brûlants mille fois parcourus, un enfant sur le flanc ; du thym froissé entre les doigts, de l’ail pilé, de l’huile au parfum d’olive, de l’ombre fraîche d’un figuier.
Ninon, Flora, Irina, Fatima, Sarah n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre. D’un bord à l’autre du rivage, qu’elles célèbrent vendredi, samedi ou dimanche, elles ont hérité de ce Sud, de ses excès, de sa lumière. Une évidence qui coule en elles et les rend sœurs. Certaines ont secoué le joug de la tradition. Pour d’autres, il reste encore violent. Celles-là pleurent leurs hommes qui se déchirent. Les femmes ont-elles jamais voulu des guerres ?
Si vous croisez un jour Ninon, Flora, Irina, Fatima ou Sarah, ne leur demandez pas d’où elles viennent. Notez juste leur ressemblance et passez votre chemin.

 

Nicole Fabre